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Un aperçu européen de la traduction en confinement
Un aperçu européen de la traduction en confinement
16 Avr, 2020

Le Covid-19 ayant poussé la plupart des pays européens à se confiner et le CEATL à annuler sa rencontre annuelle prévue en mai à Bruxelles, nous avons collecté les réactions des traducteurs à travers l’Europe.

Portugal

Associação Portuguesa de Tradutores APT Portugal a établi une liste de traducteurs volontaires afin de favoriser les échanges entre les patients étrangers et le personnel soignant. Cette liste est disponible sur le site web de l’association (www.apt.pt (http://www NULL.apt NULL.pt/)). C’est un exemple formidable de solidarité.

Brigitte

Allemagne

La VdÜ est partie prenante de la mise en place des programmes nationaux spéciaux pour les travailleurs en free-lance, artistes, auteurs, traducteurs et autres. Un questionnaire sera bientôt remis à nos membres afin d’évaluer les conséquences de la crise sur leur travail, leurs revenus et leur situation en général.

Claudia

Croatie

Nous savons que l’épidémie de coronavirus implique des risques de santé pour tous, mais les plus vulnérables sont nos anciens. C’est pourquoi notre conseil d’administration a décidé d’aider nos collègues les plus âgés. Ils sont tous très satisfaits de cette initiative et deux d’entre eux ont déjà accepté notre aide. Nous allons continuer nos efforts afin qu’ils puissent compter sur nous et rester en bonne santé, aussi bien physique que mentale. Silvana

Le Ministre de la culture de Croatie a pris des mesures en faveur des artistes en freelance, mais uniquement ceux qui bénéficient d’allocations de santé et de retraite de l’état. Nous sommes divisés en deux groupes, ceux qui gagnent moins de leur art et ceux qui gagnent plus de leur art et qui recevront un petit subside en proportion. Ces mesures sont cosmétiques, mais c’est déjà quelque chose. En revanche, aucune aide supplémentaire n’est prévue pour ceux d’entre nous qui ont souffert du tremblement de terre.

Lara

Danemark

L’argent du droit de prêt a été versé en avance comme demandé. La Société des auteurs, dont le DOF fait partie, se concentre massivement sur l’aide à ceux de ses membres en difficulté. L’enjeu principal est d’échanger avec le ministère de la culture et les hommes politiques de façon plus large afin d’obtenir le secours approprié venant des aides apportées par le gouvernement. Cela s’est révélé efficace à de nombreux niveaux, et va porter des fruits supplémentaires, semble-t-il.

De plus, une fondation privée vient d’offrir une aide aux libraires pour qu’ils puissent reculer leurs échéances d’au moins un mois – ce qui est d’un grand secours dans le combat pour que les librairies soient encore là au sortir de la crise.  A cause du confinement général au Danemark, les librairies physiques ont dû fermer temporairement, ce qui bien sûr est mauvais pour le marché du livre en général, et donc aussi pour les traducteurs. Juliane

Le gouvernement a mis en place un programme d’aide aux travailleurs freelance pour cause de crise majeure, lequel est extrêmement bienvenu. Toutefois, ce programme exclut ceux qui en ont le plus besoin : premièrement parce qu’il faut justifier d’un certain niveau de revenus pour y prétendre (afin de ne pas perdre de l’argent en faveur de personnes qui ne sont pas freelance à plein temps), et deuxièmement, parce que le programme ne reconnait pas que l’on peut avoir plusieurs sources de revenus en même temps. Ils n’ont pas tenu compte du patchwork que sont nos revenus, nous qui sommes pour la plupart à la fois travailleurs indépendants et salariés. Les détails doivent être mis au point.

Morten

Slovaquie

Il n’y a pas d’action spécifique menée par notre organisation. Nous avons aidé à distribuer un questionnaire établi par des chercheurs en études de traduction de deux universités slovaques sur l’impact de la situation actuelle sur les traducteurs et les interprètes en Slovaquie. Les résultats sont attendus.

En ce qui concerne les éditeurs, ils sont surtout paniqués pour l’instant, et réclament l’aide de l’état en tant qu’entrepreneurs affectés par la crise, mais n’ont pas rapporté de pertes financières ou de changements dans le calendrier des parutions. C’est vrai que la principale sortie se fera avant Noël.

Les librairies sont fermées et toutes les manifestations publiques annulées, mais les media modernes sont largement utilisées pour le marketing des livres et de la lecture pendant le confinement, ce qui fait bien sûr progresser la vente en ligne.

Il est très possible que les petits éditeurs auront le plus à souffrir, tout comme d’autres petites structures dans d’autres branches.

Miloš

Slovénie

J’entends parler de projets annulés et de paiements différés, mais la situation est très floue. Cela va bien sûr nous affecter dans le futur. Il est très difficile d’avoir une vision plus large car l’information est très sporadique. Autant que je sache, aucun éditeur n’a communiqué quoi que ce soit sur ce qui se passe, et ce à quoi nous pouvons nous attendre. En même temps, le gouvernement a fait passer une loi qui donnera une aide financière aux travailleurs indépendants, mais les conditions sont telles que la plupart des traducteurs littéraires ne peuvent y prétendre. Le gouvernement a d’ores et déjà annoncé des modifications et d’autres mesures. Nous verrons. Personnellement, je ne suis pas très optimiste.

Iztok

Roumanie

Ici, il n’y a eu jusqu’à présent qu’une seule déviation de nos pratiques de travail habituelles. Quelques membres d’ARLIT ont annoncé que leurs éditeurs – trois succursales de la même maison d’édition – leur ont demandé par téléphone ou par mail d’arrêter de travailler sur leurs contrats en cours, parce qu’ils craignaient de ne pouvoir les payer quand le contrat arrivera à terme. ARLIT a mis au point un avenant que les traducteurs peuvent adapter et utiliser pour leurs contrats en cours. Cet avenant demande aux éditeurs de payer les feuillets déjà traduits, si le montant représente au moins un tiers du contrat. Il s’applique aussi aux dates de remise et aux droits d’édition selon différents scénarios. A la suite de cela, la plus grande des trois maisons d’édition mentionnées plus haut a changé d’avis et demandé à ses traducteurs de reprendre le travail selon les termes du contrat – nous ignorons si l’avenant a quelque chose à y voir. Les deux autres maisons d’édition plus petites cessent leurs activités pour l’instant, mais je ne sais pas si elles ont accepté de signer l’avenant.

Simina

Macédoine

Le confinement en Macédoine a affecté les sources de revenus de nombreuses catégories de travailleurs, et les traducteurs et interprètes ne font pas exception. Les politiciens ont lancé des idées destinées à atténuer l’impact pour certaines de ces catégories, mais les travailleurs indépendants ou en freelance ne font absolument pas partie de ces conversations. MATA a envoyé une lettre au gouvernement au sujet de la situation précaire des traducteurs et interprètes, demandant à ce qu’ils soient inclus dans tout projet d’aides potentiel. L’association a aussi mené une enquête parmi les traducteurs et interprètes de ce pays, dans l’espoir de rassembler des informations plus spécifiques, qui seront précieuses dans des futures négociations. Voilà où nous en sommes pour l’instant.

Kalina

Bulgarie

La situation en Bulgarie est semblable à celle décrite en Roumanie par Simina. Les maisons d’édition, grandes ou petites, ont annulé tous les paiements aux traducteurs. Ce qui est honteux de la part des plus grandes, car elles ont des réserves d’argent et leurs ventes en ligne ne devraient pas être trop affectées.

Le Conseil d’administration discute de la question des mesures d’urgence mais je ne vois pas trop quelles mesures peuvent être prises. Un groupe d’artistes indépendants a contacté le ministère de la Culture et proposé la mise en place d’un fonds spécial d’urgence. Le BTU est en contact avec les artistes et le ministère et met en avant les pertes que les traducteurs et interprètes en freelance subissent à cause de cette crise, dans l’espoir que la révision imminente du budget national prendra en compte la situation fragile de nos collègues.

Teodora

Italie

Ici les traducteurs sont, et seront très affectés, de plus d’une façon.

Emotionnellement, ce qui sera sans doute sous-estimé. La plupart d’entre nous ne peuvent guère travailler. Je ne parle pas seulement des mères travaillant chez elles qui en ce moment passent le plus clair de leur temps avec leurs enfants et essaient de les aider avec l’école à la maison (la plupart des traducteurs littéraires en Italie sont des femmes et certaines ont des enfants dont elles doivent s’occuper). Je parle d’une atmosphère générale que nous pouvons voir clairement dans la « bulle des traducteurs » sur les réseaux sociaux : les gens sont inquiets, distraits et manquent de motivation – tout simplement incapables de faire ce travail de création que nous aimons tant d’habitude.

Economiquement, à cause de l’impact sur l’industrie de l’édition tout entière. L’Association des éditeurs italiens, AIE, a annoncé le 24 mars que l’industrie italienne du livre produira 18 600 titres de moins que prévu cette année, avec pour conséquence 39,3 millions d’exemplaires qui ne seront pas imprimés et près de 2500 titres qui ne seront pas traduits. L’impact économique sur les traducteurs littéraires sera sans doute plus visible dans les prochains mois.

Le gouvernement italien a lancé un plan d’urgence afin de soutenir le secteur économique du pays ; ce programme inclut certains travailleurs en freelance (par exemple les traducteurs et interprètes techniques, qui ont été sévèrement affectés aussi, à cause de l’annulation de conférences et assemblées ; voir l’appel commun de AIIC, FIT, et WASLI, fit-ift.org/joint-appeal-coronavirus), mais jusqu’à présent il a totalement négligé ceux qui travaillent avec des rémunérations basées sur les droits d’auteurs. C’est pourquoi Strade, en coopération avec SLC-CGIL (un syndicat de travailleurs dans le domaine de la communication), AITI et d’autres organisations représentant les traducteurs et illustrateurs, fait du lobbying auprès du gouvernement pour inclure les auteurs dans le plan d’urgence. Une déclaration commune est publiée ici (http://www NULL.traduttoristrade NULL.it/2020/il-cura-italia-non-dimentichi-la-cultura/).

Confiants dans le pouvoir apaisant des mots, Strade et AITI ont lancé un projet commun avec le CEATL, FIT et la Foire du livre jeunesse de Bologne demandant aux traducteurs du plus grand nombre de langues possible de traduire un poème sur le Coronavirus de Roberto Piumini, un des plus grands auteurs jeunesse italiens. Message d’espoir, le poème et ses traductions seront bientôt publiés sur le site web de la Foire du livre jeunesse de Bologne.

Eva (Strade) et Francesca (AITI)

France

Ici, la situation est assez semblable à celle de l’Italie décrite par Eva, avec les librairies fermées et les éditeurs qui gèlent la parution des livres pour le moment.

Les aides et subventions prévues par le Centre national du livre et par notre société de gestion collective des droits de prêt ont été maintenues pour des organisations telles que la nôtre, à condition que les auteurs qui devaient participer à des manifestations supprimées (lectures, ateliers etc..) soient rémunérés comme si ces manifestations avaient eu lieu.

Chez nous, différentes associations d’auteurs, incluant notre association de traducteurs, ont envoyé un questionnaire aux auteurs pour estimer dans quelle mesure ils sont affectés par le confinement et essaient d’évaluer leur perte de revenus, de façon à se préparer à des discussions avec les autorités compétentes.

Certaines mesures ont été prises par l’état pour aider les auteurs, comme par exemple leur permettre de recevoir une allocation de garde d’enfants à la maison (allocation à laquelle ils ne pouvaient normalement prétendre), et le report du paiement des cotisations sociales. Le SNE (syndicat des éditeurs) a aussi spécifiquement demandé à ses membres de prendre soin de leurs auteurs et de leur payer leur dû en temps et en heure – certains ont même anticipé, apparemment !

Valérie

Royaume-Uni

Ici, au Royaume-Uni, le gouvernement a réagi relativement vite dans son soutien aux entreprises, en s’engageant à couvrir 80% du salaire des employés (jusqu’à un maximum de 2 500 £ par mois) à condition que les compagnies ne les licencient pas.

Il a fallu une autre semaine au gouvernement pour concevoir un plan de soutien aux travailleurs indépendants : un paiement de 80% du revenu mensuel moyen pour une période de trois mois ; ce paiement consistera en une aide imposable calculée sur la base d’un bénéfice moyen de un à trois ans (selon la date où l’on a commencé à être indépendant), au vu des feuilles d’impôts.

Toutefois, cette aide ne sera versée que début juin, et ne s’applique pas aux personnes qui ont commencé le travail indépendant l’an dernier, ni à celles dont le revenu de travailleur indépendant est inférieur à 50% de leur revenu total. Et aussi, ceux qui travaillent en tant que « compagnie d’une seule personne », – une structure encouragée par les gouvernements successifs où on se verse un salaire minimum et le reste des revenus sous forme de dividendes – ne recevront que 80% de leur salaire minimum.

Dans le même temps, plusieurs organisations – la Société des auteurs, l’organisation mère de TA, la Authors’ Licensing and Collecting Society (qui collecte les revenus des usages secondaires du travail des auteurs, comme la photocopie ou la reproduction digitale), le Royal Literary Fund, English Pen, la TS Eliot Foundation et Amazon UK – ont réuni leurs forces pour soutenir les auteurs (y compris les traducteurs et illustrateurs) avec un Fonds d’urgence pour les auteurs de 330 000 £ à distribuer sous forme d’aides de petites montants.

De plus, l’organisme de subventions le plus créatif d’Angleterre, Arts Council England, a prévu 20 millions £ pour un fonds d’urgence destiné à soutenir des créateurs dans des disciplines variées avec des aides individuelles pouvant aller jusqu’à 2 500 £. Les demandeurs doivent avoir précédemment « pris part à la création de travail subventionné par des fonds publics ». Mais comme les fonds antérieurs peuvent provenir de sources très variées, il est probable que la plupart des traducteurs professionnels auront, à un moment donné, travaillé sur un projet pour lequel l’éditeur (ou l’institution) a reçu une telle subvention.

Enfin, Arts Council England continuera à honorer le paiement des subventions pour des événements ou des initiatives annulées ou reportées.

Roland

Espagne

Quelques éditeurs annulent des publications et des contrats à court terme et demandent aux traducteurs de cesser de travailler sur les contrats en cours. On nous a signalé également des non-paiements.

En ce qui concerne les mesures prises par le gouvernement espagnol en rapport avec notre domaine : le ministre de la culture a demandé au secteur de la culture de lister ses besoins urgents. On estime que l’industrie culturelle va perdre 3 000 millions d’euros en un mois de paralysie. Les sociétés de gestion collective mettent en œuvre un programme pour créer un fonds de crise financé par la collecte des droits d’auteur. Le directeur général de le Promotion du livre et de la lecture a téléphoné au président de l’Association espagnole des guildes d’éditeurs pour l’informer de l’état du secteur culturel qui représente la plus grande contribution au PIB (32,9%). Le gouvernement a approuvé un deuxième paquet de mesures économiques qui concernent aussi les travailleurs freelance. Plus précisément, il a approuvé une allocation égale à 70% du salaire de base de tous les travailleurs freelance affectés par le confinement ou dont les revenus sont réduits à cause du Covid-19 ; les traducteurs doivent faire état d’une perte moyenne de 75% par rapport au dernier semestre pour être exonérés de cotisations sociales. Toutefois, les mesures sont insuffisantes pour les traducteurs pour différentes raisons.

ACE Traductores est membre de Red Vértice, qui a publié une déclaration publique de soutien au traducteurs, interprètes et correcteurs.

De plus, ACE (Asociación Colegial de Escritores dont fait partie ACE Traductores) a récemment envoyé au ministère de la culture – précisément au Directeur général des livres – une liste de propositions pour alléger l’impact économique de la situation sanitaire actuelle. On peut lire ces propositions en anglais sur le site du European Writer’s Council. Le CEDRO (Centro Español de Derechos Reprográficos) a également accordé des fonds aux auteurs et traducteurs dans les situations les plus difficiles et a décidé de payer les sommes dues en avance.

Maria

Pays basque

La situation au Pays basque est plutôt dure, vu la petite taille de notre marché.

Toutes les manifestations pour la promotion des traductions littéraires ont été annulées ou reportées, et nous ignorons ce que sera la situation après cette crise, mais nous ne sommes pas très optimistes. La formation des traducteurs s’en trouve aussi affectée : tous les cours prévus par EIZIE ont été annulés ou reportés, et l’université est fermée.

Cependant, nous pensons que le pire est à venir : notre marché et nos traducteurs dépendent des programmes subventionnés par des fonds publics, et ceux-ci seront sûrement supprimés. L’impact que cette crise aura sur l’économie basque implique que les gens achèteront moins de livres et que les maisons d’édition prendront moins de risques (d’autant que la publication de traductions en basque est souvent considérée comme risquée financièrement de toutes façons).

En ce qui concerne le soutien apporté aux traducteurs le gouvernement basque est bien lent. Il vient seulement de demander à EIZE d’expliquer la situation de nos membres pour mettre en place des mesures, ce qui nous donne de l’espoir, mais nous n’en savons pas plus pour l’instant.

Nous suivons de près le formidable travail de ACE Traductores, qui nous a été d’une grande aide !

Pologne

Pour l’instant, nous n‘avons aucun signe d’éditeurs repoussant ou annulant la sortie de livres ou reportant les paiements, mais ce n’est peut-être qu’une question de temps. Naturellement toutes les manifestations ont été annulées, y compris les foires aux livres etc… Il se passe beaucoup de choses en ligne, avec les lectures en streaming, etc… Les lieux culturels, les artistes, les célébrités et les librairies en ligne ont couplé la campagne #StayAtHome avec #TimeToReadBooks. On peut arguer que ce n’est pas le cas pour un grand nombre de personnes, mais au moins des efforts sont faits pour encourager la consommation de culture en format digital ou en achetant en ligne. On ne sait pas dans quelle mesure cela compensera la perte des ventes.

Jusqu’à présent les traducteurs avec qui nous sommes en contact tiennent le coup, essaient de conserver leur routine quotidienne de travail autant que possible, avec les enfants et la famille à la maison. Nous verrons ce que l’avenir nous réserve. Nous avons tenu la première réunion sociale de notre association avec Zoom pour maintenir notre moral, et nous avons l’intention de recommencer.

En ce qui concerne l’aide organisée, nos collègues de l’Union littéraire, l’association d’auteurs amie, ont démarré une campagne de crowdfunding pour financer le secours aux écrivains qui en ont besoin, qui souffrent financièrement à cause de l’annulation de manifestations publiques, dont beaucoup dépendent pour vivre. Nous les aidons en faisant de la publicité pour cette campagne.

L’Union littéraire et nous-mêmes avons aussi établi un partenariat avec la Fondation Wisława Szymborska pour offrir aux écrivains et traducteurs dans le besoin des résidences à Cracovie pour après la crise ; cela ne va pas les aider dans l’immédiat, bien sûr, mais pourra peut-être leur faciliter les choses après.

Le gouvernement promet un programme d’aide radical, qui est censé inclure les artistes et les travailleurs indépendants, l’avenir nous dira ce qu’il en est. Mais comme nous n’avons pas grande confiance en notre gouvernement, nous n’espérons pas trop pour le moment.

Rafal

Suisse

Avec plus de 20 autres associations professionnelles du secteur culturel, notre association collecte des infos sur les manifestations et contrats supprimés pour pouvoir présenter des informations les plus concrètes possible lors de nos négociations avec les autorités.

Le « décret Covid sur la culture » du 20 mars : aide immédiate pour les artistes dans le besoin et compensation pour la perte de revenus, également pour les travailleurs indépendants (pour un nombre limité de jours). Mais dans le cas des traducteurs cela ne semble fonctionner que pour des personnes qui ne peuvent pas travailler car elles doivent s’occuper d’enfants.

Pour l’instant j’ai appris que certains éditeurs ont reporté des parutions, et je suppose que les éditeurs vont être très prudents dans les prochains mois et que nous aurons moins de travail. Barbara

Suède

Le gouvernement social-démocrate suédois et les partis qui le soutiennent (les Verts, les Centristes et les Libéraux) ont annoncé un paquet d’urgence de 500 millions SEK (environ 50 millions d’euros) destiné au secteur culturel. Comment et quand cet argent sera distribué n’a pas encore été décidé, mais il le sera sous la houlette des autorités expertes, c’est-à-dire le Conseil des Arts suédois, et sans doute le Fonds des auteurs suédois. Cet argent est spécifiquement destiné à de petites entreprises, pas des grands théâtres ou musées. Tout cela s’est décidé très vite, et les détails ne sont pas encore officiels. Notre organisation mère, l’Association des auteurs suédois, y travaille d’arrache-pied.

D’habitude, le Fonds des auteurs suédois décide des subventions deux fois par an, mais en ce moment ils envisagent de décider des subventions d’automne plus tôt, peut-être même avant l’été.

Dans un paquet de crise pour toutes les entreprises suédoises il a été décidé que les paiements mensuels des impôts, TVA, et cotisations sociales, etc. seraient reportés trois fois au cours des 12 prochains mois. Cette décision entrera en vigueur le 7 avril, mais sera appliquée rétroactivement depuis le 1erjanvier.

La fondation Stiftelsen Natur & Kultur a fait un don de 400 000 SEK (environ 40 000 euros) à un fonds de crise qui sera administré par l’Union des écrivains suédois. Son but est de permettre aux membres qui ont perdu des revenus à cause d’événements ou de commandes annulés d’obtenir rapidement une compensation. Cette décision a été inspirée par des pétitions envoyées au gouvernement de la part des organisations d’artistes et de libraires et éditeurs. Cette compensation sera versée sous forme de subventions et les demandes pourront être déposées après Pâques au plus tôt. La même fondation qui a fait un don d’argent possède à présent une maison d’édition et finance un des prix de traduction en Suède.

Lena

République tchèque

En ce qui concerne les actions du gouvernement, il y a des aides pour les indépendants : ils recevront 60 % d’un salaire moyen s’ils s’occupent de leurs enfants à la maison (jusqu’à 13 ans) – normalement cette mesure s’applique seulement aux employés. La contribution obligatoire à la sécurité sociale et à l’assurance maladie a été supprimée pour tous les indépendants (le montant minimum, qui est celui payé par la majorité) pendant 6 mois de mars à août.

Sinon, les éditeurs ont différé leurs parutions, et toutes les manifestations sont supprimées. Les éditeurs et les libraires ont adressé une lettre ouverte au premier ministre pour demander de l’aide : les librairies sont fermées depuis plus de deux semaines, la vente en ligne ne représente que 20% du marché, et ils s’inquiètent pour leur survie (jusqu’à maintenant, ils n’ont reçu aucune réponse du gouvernement). Knihex, « l’association » de petits éditeurs nouvellement créée, a fait une déclaration au sujet de leur situation difficile.

Une enquête a été menée chez les traducteurs et interprètes indépendants au sujet de l’impact de la crise sur leur travail, mais nous n’avons pas encore les résultats.

Récemment, il a été décidé que cette année la plus grande foire aux livres « Svet Knihy » serait annulée. Après l’avoir reportée de mai à octobre, les organisateurs ont décidé d’annuler l’édition de cette année à cause de la situation incertaine en général et surtout pour ne pas empirer la situation des maisons d’édition, car cela leur revient très cher de participer à cette foire en tant qu’exposants.

L’Association des traducteurs littéraires a aussi envoyé une lettre ouverte au ministre des Finances et au ministre de la Culture en réponse à la proposition du gouvernement de verser aux indépendants une aide de 1 000 euros, mais sous certaines conditions, l’une d’entre elles étant de prouver la perte de 10% de revenus au cours des trois premiers mois de cette année, par rapport à la même période l’an dernier. Il est quasiment impossible aux traducteurs de répondre à cette demande, car ils n’ont pas de revenus mensuels réguliers et la crise n’a frappé le pays qu’au milieu du mois de mars. Cette lettre a été publiée aussi sur notre site web. En général, la situation dans le domaine de la culture demeure très incertaine et l’aide de l’état n’est pas vraiment destinée aux personnes travaillant dans le secteur culturel.

Hana

Irlande

Le gouvernement irlandais réagit de façon extraordinairement pertinente et s’efforce de minimiser l’impact financier pour ceux qui ont perdu des emplois ou pour les travailleurs indépendants qui n’ont plus de travail.

Nous avons été informés que le travail de traduction (générale, pas littéraire) et d’interprétation est au point mort. Les travailleurs indépendants peuvent demander une petite somme pour couvrir la perte de leur salaire. Ce qui est mieux que rien.

ITIA a envoyé un court questionnaire à nos membres afin d’essayer d’établir l’impact sur leur travail. Quand nous aurons reçu toutes les réponses nous espérons recueillir les données et en informer le CEATL.

Anne

Turquie

Avec la pandémie de COVID-19, les traducteurs littéraires du monde entier ont vu l’industrie de l’édition être paralysée – et leurs moyens d’existence ne tiennent désormais qu’à un fil. Déjà privés de sécurité sociale et de prestations sociales, les traducteurs en Turquie sont parmi ceux qui sont le plus impactés économiquement par cette crise. Pour faire face à cette adversité, l’Association des traducteurs de Turquie (ÇEVBIR) a mis en place un fonds de solidarité provisoire pour ses membres dans le besoin, déjà assaillis par les conditions de travail précaires et les revenus instables. Annoncé le 28 mars, le fonds a reçu un soutien important de ses membres, et devient une source d’espoir et de solidarité dans ces temps troublés.

Yunus

Pays Bas

Comme les traducteurs sont déjà « confinés » la plupart du temps, leurs conditions physiques de travail n’ont peut-être pas changé tant que ça, mais toutes les manifestations littéraires, lancements de livres ou rencontres d’auteurs ont été annulées, entrainant une perte de revenus pour les traducteurs et les auteurs en question. Afin de réduire ces pertes, les institutions qui organisent les événements littéraires essaient d’en organiser une partie en ligne, ou de les reporter à une date ultérieure cette année.

La parution de nombreux livres est reportée ; cela pourrait impliquer que les rémunérations des traducteurs seront reportées également. De plus, la majorité des traducteurs doivent avoir une autre activité professionnelle pour vivre. Cela peut être l’enseignement, des conférences, ou travailler dans un bar ou un restaurant. Cette partie de leurs revenus est perdue à cause de la crise du Corona.  L’Auteursbond néerlandais a ouvert un registre pour que les auteurs signalent leur perte de revenus liée à leurs activités littéraires. Grâce à ces informations, l’Auteursbond peut intervenir auprès du gouvernement pour obtenir un accord de compensation spécifique aux auteurs.

Dans le même temps, le gouvernement a déjà mis en œuvre un accord pour les travailleurs indépendants : ils peuvent demander une aide de trois mois pour assurer un revenu minimum. Malheureusement il y a aussi des tentatives d’exploiter la situation. Une importante maison d’édition a envoyé un mail à ses auteurs pour leur signifier qu’à cause de la crise elle avait dû modifier sa liste : à la demande des libraires, elle donnerait la priorité aux titres commerciaux qui se vendent sans efforts supplémentaires des libraires. Mais deux collègues qui sont en train de traduire un livre considéré commercial par cette maison d’édition ont été informés que la parution de leur traduction serait quand même reportée.

Cette même maison d’édition a aussi affirmé qu’il y a plus de demandes pour les livres électroniques et les livres audio. Pour stimuler ses ventes, elle organise des campagnes de réductions avec toutes les compagnies importantes. Elle avance que ces actions devant être organisées le plus vite possible, il lui est impossible de demander individuellement aux auteurs de donner leur autorisation. Elle précise que « nous poursuivons le même intérêt », ce qui bien sûr n’est pas toujours le cas.

L’Auteursbond a publié un avertissement sur son site web pour alerter sur ces pratiques. Leur conseil est de limiter votre autorisation à un an, et d’être vigilant sur les ambiguïtés concernant les droits d’auteur. La façon dont ces droits sont calculés n’est pas toujours claire.

Norvège

Les traducteurs littéraires norvégiens ne sont pas pour l’instant directement affectés par la crise. Jusqu’à présent, à notre connaissance, seule une traduction a été annulée (une œuvre dramatique), mais les ventes de livres s’effondrent malgré une augmentation des ventes en ligne et certains éditeurs ont dû mettre des employés au chômage technique, donc qui sait ce qui va se passer dans le futur proche. Néanmoins mon impression est que l’activité continue dans les maisons d’édition les plus importantes, peut-être un peu plus lentement, grâce au télétravail.

Le Parlement a publié un plan d’urgence qui donne droit aux travailleurs indépendants à des allocations chômage, les congés maladie pour les travailleurs indépendants et freelance ont été améliorées temporairement, et il y a aussi une allocation temporaire de soins de santé. L’argent du droit de prêt a été versé en avance. Et le Parlement est en train de mettre en place des règles spécifiques au secteur culturel pour compenser les annulations causées par la crise du Covid-19.

La majeure partie du monde littéraire norvégien est désormais en ligne, il y a des lancements et des lectures tous les jours. On se réunit par Zoom, Skype, Messenger, tout ce que vous voulez. Et, comme une sorte de contribution pour le public, l’Association norvégienne de traducteurs littéraires, avec d’autres associations d’auteurs et d’éditeurs, a conclu un accord avec la Bibliothèque nationale pour donner accès aux étudiants à tous les livres disponibles en format digital.

Hilde

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