Home > News

Adieu à Manuel Serrat Crespo
Adieu à Manuel Serrat Crespo
18 Sep, 2014

Le mois dernier, le CEATL a perdu l’un de ses fondateurs et membres honoraires, Manuel Serrat Crespo, traducteur espagnol. Son collègue et ami, Peter Bergsma a écrit une nécrologie.

Le 23 août au petit matin, Manuel Serrat Crespo s’est éteint, assis – comment aurait-il pu en être autrement – devant son ordinateur. C’était, pour paraphraser un poète néerlandais, un homme qui savait traduire plus vite que Dieu sait lire : son œuvre de traduction, qui comporte plus de six cents titres en cinquante ans, en témoigne. Bien qu’il fût un vrai Catalan, de par sa naissance et son éducation, Manuel traduisait du français en castillan, et non en catalan, car lorsqu’il était à l’école, pendant l’ère Franco, l’enseignement de la langue catalane était interdit. Par conséquent, Manuel maîtrisait cette langue surtout à l’oral et, d’après son propre jugement, insuffisamment à l’écrit.

Pour l’ensemble de son importante œuvre de traduction, Manuel fut nommé par l’État français chevalier de l’ordre des Palmes académiques (en 1999) et officier des Arts et des Lettres (en 2003). L’auteur Daniel Pennac, dont il était le traducteur espagnol attitré et ami, a fait de lui le personnage principal de son roman Le dictateur et le hamac. Manuel était traducteur, mais également auteur : de sa main parurent entre autres le roman Autopista (publié en 1969), la pièce de théâtre Anna o la venganza (publié en 1987) et, sous le pseudonyme de Maruyme, Maruyme, diario de viaje (réédité en 2009).

En plus d’être traducteur et auteur, Manuel fut aussi un infatigable défenseur des intérêts des traducteurs littéraires, d’abord comme membre du bureau de l’association catalane des traducteurs ACEC, puis en qualité de représentant de l’ACEC au sein du CEATL, dont il fut cofondateur en 1987. Au CEATL, il ne cachait pas son avis et donnait, au besoin, plus de poids à ses mots en tapant avec sa chaussure sur la table, tel un véritable Nikita Khrouchtchev.

Lors de son départ du CEATL, il fut nommé membre d’honneur et reçut comme preuve, en tant que seul membre d’honneur à ce jour, un diplôme calligraphié qui trônait au-dessus de son bureau. Beaucoup d’anciens membres du CEATL ont perdu un ami très cher et le CEATL devra désormais continuer sans un membre d’honneur dans le vrai sens du terme.

Related news